Face au coût élevé d'un séjour en maison de retraite, qui oscille entre 2 000 et 3 500 euros par mois en moyenne, de nombreuses familles se tournent vers l'Aide Sociale à l'Hébergement (ASH). Cette aide départementale constitue un soutien financier précieux pour les personnes âgées aux ressources modestes. Cependant, une question revient fréquemment et suscite bien des inquiétudes : l'ASH doit-elle être remboursée ? Ce caractère récupérable de l'aide sociale distingue fondamentalement l'ASH d'autres dispositifs comme l'APA et nécessite une compréhension approfondie avant toute demande.
L'ASH, une aide remboursable sous certaines conditions
Contrairement à l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) qui n'est jamais récupérable, l'ASH est considérée comme une avance consentie par le département. Cette particularité fondamentale est inscrite dans le Code de l'action sociale et des familles. Le département qui finance l'hébergement peut donc, dans certains cas précis, demander le remboursement des sommes versées.
Cette récupération peut intervenir dans trois situations distinctes : au décès du bénéficiaire sur sa succession, sur les donations effectuées, ou encore du vivant de la personne si sa situation financière s'améliore significativement. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour anticiper l'impact patrimonial de l'ASH et prendre des décisions éclairées.
La récupération sur succession : le cas le plus fréquent
Comment fonctionne la récupération après décès ?
Au décès du bénéficiaire de l'ASH, le département peut récupérer l'intégralité des sommes versées sur l'actif net de la succession. Concrètement, cela signifie que le patrimoine transmis aux héritiers sera diminué du montant de l'aide sociale perçue par le défunt durant son séjour en établissement.
La récupération s'effectue sur l'actif net successoral, c'est-à-dire la valeur totale des biens du défunt (comptes bancaires, biens immobiliers, placements, etc.) après déduction des dettes et des frais d'obsèques. Cette récupération s'applique dès le premier euro, sans franchise, contrairement à certaines autres aides sociales.
Un impact direct sur l'héritage
Pour les héritiers, cette récupération signifie que l'héritage sera amputé des sommes versées par le département. Si par exemple le département a versé 50 000 euros au titre de l'ASH et que la succession s'élève à 100 000 euros, les héritiers ne recevront que 50 000 euros après remboursement de l'aide sociale.
Il est important de souligner que les héritiers ne paient pas de leur poche : la récupération s'opère uniquement sur les biens transmis. Si la succession est inférieure au montant de l'aide versée, le département ne récupérera que ce qui existe et ne pourra pas demander le complément aux héritiers.
Des règles variables selon les départements
Chaque département applique son propre règlement d'aide sociale. Certains départements fixent des seuils de non-récupération, généralement compris entre 39 000 et 46 000 euros d'actif successoral. En dessous de ce seuil, le département renonce à la récupération. Ces seuils variant d'un territoire à l'autre, il est essentiel de se renseigner auprès des services départementaux.
La récupération sur donation : anticiper pour protéger
Les donations dans le viseur du département
Le département peut également récupérer l'ASH versée sur les donations effectuées par la personne âgée dans les 10 années précédant sa demande d'aide sociale ou après celle-ci. Cette disposition vise à éviter que des personnes organisent un appauvrissement artificiel pour bénéficier de l'aide publique tout en ayant transmis leur patrimoine à leurs proches.
Concrètement, si votre parent a fait une donation à ses enfants 5 ans avant d'entrer en EHPAD et de demander l'ASH, le département pourra se retourner contre les bénéficiaires de cette donation (les donataires) pour récupérer les sommes versées au titre de l'aide sociale.
Toutes les donations ne sont pas concernées
Seules les donations importantes font l'objet d'une récupération. Les présents d'usage (cadeaux d'anniversaire, de Noël, etc.) proportionnés aux revenus et au patrimoine du donateur ne sont pas considérés comme des donations récupérables. En revanche, les donations-partages, donations simples ou donations avec réserve d'usufruit entrent dans le champ de la récupération.
Une raison supplémentaire de réfléchir avant de donner
Cette règle invite à la prudence lorsqu'une personne âgée envisage d'entrer en EHPAD. Toute donation faite dans cette période peut avoir des conséquences sur les donataires, qui pourraient devoir rembourser au département une partie ou la totalité de l'aide sociale versée. Un conseil notarial s'avère souvent indispensable pour sécuriser ces opérations.
Le retour à meilleure fortune : un remboursement du vivant
Qu'est-ce que le retour à meilleure fortune ?
Le retour à meilleure fortune désigne l'amélioration significative de la situation financière du bénéficiaire de l'ASH de son vivant. Si la personne hébergée en EHPAD voit ses ressources augmenter de manière importante, le département peut lui demander de rembourser tout ou partie de l'aide sociale perçue.
Cette situation peut survenir dans plusieurs cas : héritage reçu pendant le séjour en établissement, vente d'un bien immobilier (comme l'ancienne résidence principale), perception d'un capital important, ou encore gains exceptionnels.
Les modalités de remboursement
Lorsque le département constate un retour à meilleure fortune, il évalue les nouvelles ressources de la personne et détermine si elles sont suffisantes pour couvrir les frais d'hébergement. Le remboursement peut être demandé sous forme de versement unique ou échelonné, selon les situations.
La personne âgée ou son représentant légal a l'obligation d'informer le département de toute amélioration de sa situation financière. Le défaut de déclaration peut être considéré comme une fraude et exposer à des poursuites.
Peut-on éviter le remboursement de l'ASH ?
Privilégier les aides non récupérables
La meilleure stratégie pour éviter l'impact du remboursement de l'ASH consiste à privilégier les aides non récupérables sur succession. L'APA en établissement, par exemple, finance une partie du tarif dépendance et n'est jamais récupérable. Les aides au logement (APL ou ALS) ne sont pas non plus récupérables. Les aides des caisses de retraite sont généralement non récupérables, tout comme les avantages fiscaux (réduction d'impôt de 25% sur les frais d'hébergement).
Pour mieux comprendre les différentes options de financement d'un EHPAD, n'hésitez pas à consulter notre guide complet sur le sujet.
Anticiper avec un professionnel
Avant de solliciter l'ASH, il est vivement recommandé de consulter un notaire ou un conseiller en gestion de patrimoine spécialisé dans les problématiques du grand âge. Ces professionnels peuvent vous aider à :
- Évaluer précisément l'impact de la récupération sur votre patrimoine
- Explorer les alternatives de financement
- Organiser votre patrimoine dans le respect de la législation
- Préparer la transmission en tenant compte de l'ASH
Peser le pour et le contre en famille
La décision de recourir à l'ASH doit faire l'objet d'une discussion transparente avec la famille. Si l'aide sociale permet de financer immédiatement l'hébergement, elle aura un impact direct sur l'héritage. Pour les familles aux patrimoines modestes, cette récupération peut réduire considérablement, voire annuler, la transmission aux enfants.
À l'inverse, pour les personnes sans patrimoine significatif, l'ASH représente une solution précieuse sans réel impact successoral. Le seuil de non-récupération fixé par les départements protège d'ailleurs les petites successions.
Protection du conjoint survivant
Il existe une protection importante pour le conjoint, le partenaire de PACS ou le concubin resté au domicile. Le département ne peut pas récupérer l'ASH du vivant du conjoint survivant. Cette protection garantit que la personne restée au domicile ne se retrouve pas dans une situation de précarité.
Par ailleurs, lorsque l'un des membres du couple est hébergé en établissement, le montant de l'ASH est calculé de manière à laisser au conjoint resté à domicile au minimum 1 034,28 € par mois. Cette disposition assure le maintien d'un niveau de vie décent pour la personne restée au domicile.
Transparence et obligations déclaratives
Informer le département
Le bénéficiaire de l'ASH et ses héritiers ont des obligations déclaratives envers le département. Toute modification de la situation financière doit être signalée : changement de ressources, perception d'un héritage, vente d'un bien, etc. Cette transparence permet au département d'ajuster le montant de l'aide et d'évaluer une éventuelle récupération.
Au décès, prévenir les services départementaux
À l'ouverture de la succession, les héritiers doivent informer le département du décès du bénéficiaire de l'ASH. Le notaire chargé de la succession doit également être informé de l'existence de cette aide, car le département dispose d'une créance prioritaire sur la succession.
Le défaut de déclaration ou la dissimulation d'éléments du patrimoine peuvent entraîner des poursuites et des sanctions. La transparence reste la meilleure attitude pour éviter les complications ultérieures.
Pour les personnes sous tutelle ou curatelle, c'est le représentant légal qui doit effectuer ces démarches et veiller au respect des obligations déclaratives.
Conclusion : une aide précieuse mais à considérer avec lucidité
L'Aide Sociale à l'Hébergement constitue un dispositif essentiel pour permettre aux personnes âgées aux ressources modestes d'accéder à un hébergement en EHPAD. Son caractère récupérable ne doit pas être un frein lorsque le besoin est réel et que les alternatives sont limitées.
Cependant, la compréhension des mécanismes de remboursement – sur succession, sur donation et en cas de retour à meilleure fortune – est indispensable pour faire un choix éclairé. Cette aide représente une avance du département, non un don, et ses implications patrimoniales méritent une réflexion approfondie en amont.
Pour les familles disposant d'un patrimoine significatif, l'accompagnement par des professionnels (assistants sociaux, notaires, conseillers en gestion de patrimoine) permet d'optimiser la situation et d'explorer toutes les pistes de financement, en privilégiant lorsque c'est possible les aides non récupérables.
💡 Vous vous interrogez sur le financement d'un séjour en EHPAD pour votre proche ? Les experts Zenior vous accompagnent gratuitement pour comprendre vos droits, explorer toutes les aides disponibles et trouver la solution la mieux adaptée à votre situation. Contactez-nous dès aujourd'hui pour un accompagnement personnalisé et bienveillant.









