Face au vieillissement de la population française, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) constituent un enjeu majeur de société. Avec plus de 600 000 places réparties sur l'ensemble du territoire et un budget national dépassant les 33 milliards d'euros en 2025 , comprendre les mécanismes de financement de ces structures s'avère essentiel pour les familles et les professionnels du secteur. Le mode de financement varie considérablement selon le statut de l'établissement - public, privé associatif ou commercial - et repose sur une architecture complexe mêlant financements publics et contributions privées.
Le financement des Ehpad publics : une prise en charge majoritairement publique
La dotation globale de financement, pilier du système public
Les Ehpad publics, rattachés aux hôpitaux ou aux centres communaux d'action sociale (CCAS), bénéficient d'un système de financement largement public. La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) alloue chaque année aux agences régionales de santé (ARS) les crédits nécessaires au financement du fonctionnement des établissements médico-sociaux . En 2025, cette enveloppe représente plus de 33 milliards d'euros, avec une augmentation de 2,35 % spécifiquement dédiée aux Ehpad .
Cette dotation globale se répartit selon trois sections tarifaires distinctes :
- Le forfait soins, intégralement pris en charge par l'Assurance Maladie
- Le forfait dépendance, financé conjointement par les départements via l'APA et les résidents
- Le tarif hébergement, à la charge des résidents ou de l'aide sociale à l'hébergement
Les financements publics complémentaires
Au-delà de la dotation principale, les Ehpad publics bénéficient de financements complémentaires substantiels. Le gouvernement a prévu le recrutement de 6 500 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires en Ehpad en 2025, dans l'objectif d'atteindre 50 000 nouveaux ETP à l'horizon 2030 . Cette mesure s'accompagne d'un fonds d'urgence triplé, passant à 300 millions d'euros en 2025, destiné aux établissements les plus vulnérables financièrement.
Les collectivités territoriales apportent également leur contribution à travers :
- Des subventions d'investissement pour la rénovation et la modernisation
- Des aides à l'équipement spécialisé
- Des financements exceptionnels, comme les 33,5 millions d'euros mobilisés en 2023-2024 par l'ARS Grand Est pour soutenir 146 Ehpad en difficulté
Les recettes propres limitées mais nécessaires
Malgré le financement public majoritaire, les Ehpad publics génèrent des recettes propres indispensables à leur équilibre. Le tarif hébergement, payé par les résidents, constitue la principale source de revenus privés. En 2025, ce tarif journalier moyen s'établit à environ 70 euros, avec d'importantes variations selon la localisation géographique . Pour comprendre en détail cette structure tarifaire, consultez notre guide sur comment est calculé le prix des Ehpad.
Le financement des Ehpad privés : entre logique associative et commerciale
Les Ehpad privés associatifs : un modèle hybride
Les établissements privés à but non lucratif, gérés par des associations, fondations ou mutuelles, bénéficient d'un système de financement hybride. Ils reçoivent des dotations publiques similaires aux établissements publics pour les sections soins et dépendance, tout en conservant une certaine autonomie tarifaire pour l'hébergement.
Ces structures complètent leur financement par :
- Des dons et legs privés
- Des subventions spécifiques des fondations
- Les fonds propres des associations gestionnaires
- Des partenariats avec les caisses de retraite complémentaires
Les Ehpad privés commerciaux : un financement essentiellement privé
Les établissements privés commerciaux, appartenant à des groupes comme Korian ou DomusVi, fonctionnent selon une logique de marché avec une tarification libre pour l'hébergement. Leur financement repose principalement sur :
- Les tarifs payés par les résidents (hébergement et participation dépendance)
- Les investissements privés des actionnaires
- Les dotations publiques limitées aux seuls soins médicaux
Cette liberté tarifaire explique pourquoi les Ehpad privés commerciaux affichent les tarifs les plus élevés, avec une moyenne de 2 900 euros par mois, pouvant dépasser 5 000 euros dans certains établissements haut de gamme . Pour avoir une vision complète des coûts, découvrez notre analyse du prix moyen des maisons de retraite en 2025.
La structure tripartite du financement : un système en évolution
Le secteur soins : une prise en charge intégrale par l'Assurance Maladie
Le tarif soins couvre l'ensemble des prestations médicales et paramédicales nécessaires à la prise en charge des résidents. Il finance notamment les rémunérations du médecin coordonnateur et du personnel soignant, les interventions des professionnels de santé libéraux, ainsi que le petit matériel médical. Ce tarif est intégralement pris en charge par l'Assurance Maladie et n'apparaît donc pas sur la facture du résident .
Le secteur dépendance : un financement partagé en mutation
Traditionnellement financé par les départements via l'APA et une participation des résidents, le secteur dépendance connaît une réforme majeure. Depuis le 1er juillet 2025, 23 départements expérimentent la fusion des sections soins et dépendance dans un forfait global unique . Cette expérimentation, qui concerne des départements comme le Cantal, la Métropole de Lyon ou encore la Seine-Saint-Denis, vise à simplifier le pilotage et améliorer la qualité de prise en charge.
Un arrêté du 6 juin 2025 fixe une participation journalière forfaitaire de 6,10 € pour les nouveaux résidents à partir du 1er juillet 2025 , uniformisant ainsi les tarifs de participation sur le territoire national.
Le secteur hébergement : la charge principale des familles
Le tarif hébergement constitue généralement la composante la plus élevée du coût global d'un séjour en Ehpad, représentant environ 60 à 70% de la facture mensuelle . Il couvre l'hébergement proprement dit, la restauration, l'entretien du linge, les animations et les frais administratifs.
Ce tarif varie considérablement selon le statut de l'établissement :
- Ehpad publics : environ 1 900 euros mensuels en moyenne
- Ehpad privés associatifs : autour de 2 100 euros mensuels
- Ehpad privés commerciaux : moyenne de 2 900 euros par mois
Pour les familles confrontées à ces coûts élevés, il existe heureusement de nombreuses aides pour le financement des Ehpad qui peuvent considérablement réduire le reste à charge.
Les enjeux économiques et défis du financement
L'équilibre financier sous tension
En 2024, 74% des Ehpad publics sont déficitaires dans les Hauts-de-France, contre 71% au niveau national , illustrant les difficultés structurelles du secteur. Cette situation s'explique par l'augmentation des coûts (personnel, énergie, normes) et le vieillissement accru des résidents nécessitant des soins plus lourds.
Pour répondre à ces défis, le gouvernement a prévu des mesures nouvelles de financement, notamment 30 millions d'euros consacrés à la généralisation des pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa) et 45 millions d'euros pour le recrutement de médecins coordonnateurs .
Les disparités territoriales persistantes
Les inégalités de financement selon les départements créent des disparités d'accès aux soins. La répartition entre les ARS des montants prévus pour installer de nouvelles places repose sur des critères adoptés par le Conseil de la CNSA, avec pour objectif de réduire progressivement les disparités d'équipement entre les départements .
Ces disparités se reflètent également dans l'accès aux aides, notamment l'aide sociale à l'hébergement (ASH), dont les conditions d'attribution varient d'un département à l'autre.
Les perspectives d'évolution du financement
Le gouvernement prévoit une généralisation de la réforme de tarification dès 2027, après évaluation de l'expérimentation en cours. Cette réforme vise une meilleure lisibilité du système, une équité renforcée entre établissements et une qualité améliorée de prise en charge.
L'objectif final est de créer un système de financement plus transparent et équitable, capable de répondre aux besoins croissants d'une population vieillissante tout en maîtrisant les coûts pour les familles et la collectivité.
Conclusion
Le financement des Ehpad repose sur un système complexe mêlant financements publics et privés, dont les modalités varient selon le statut de l'établissement. Avec plus de 33 milliards d'euros mobilisés en 2025 et des réformes structurelles en cours, ce secteur traverse une période de transformation majeure. La réussite de ces évolutions conditionnera l'accès aux soins de qualité pour nos aînés dans les années à venir.
Pour les familles confrontées à ces enjeux financiers, il est essentiel de bien comprendre les différentes aides disponibles pour réduire le reste à charge et d'anticiper les démarches administratives.
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