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AAH et retraite : tout ce que vous devez savoir

Face aux défis que représente la perte d'autonomie, l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) constitue un soutien financier essentiel pour de nombreuses personnes en situation de handicap. Cependant, l'approche de l'âge de la retraite soulève souvent de nombreuses questions et inquiétudes : l'AAH sera-t-elle maintenue ? Comment s'articule-t-elle avec la pension de retraite ? Quelles démarches entreprendre ?

Ces interrogations sont légitimes, car la transition vers la retraite représente un moment charnière dans la vie des bénéficiaires de l'AAH et de leurs aidants. Cet article vous propose un éclairage complet sur les règles en vigueur en 2025, les démarches à entreprendre et les conseils pratiques pour aborder sereinement cette étape importante.

Les règles de l'AAH à l'âge de la retraite

Le maintien de l'AAH à l'âge de la retraite dépend principalement du taux d'incapacité reconnu par la Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH). Les règles diffèrent significativement selon que ce taux est d'au moins 80% ou qu'il se situe entre 50% et 79%.

Le maintien de l'AAH selon le taux d'incapacité

Si vous êtes bénéficiaire de l'AAH avec un taux d'incapacité d'au moins 80%, vous pouvez continuer à percevoir cette allocation après l'âge légal de départ à la retraite (actuellement fixé à 64 ans pour les personnes nées à partir de 1968). Toutefois, le montant de l'AAH sera ajusté en fonction de votre pension de retraite.

Concrètement, si le montant de votre pension de retraite est inférieur au montant maximal de l'AAH (1 033,32 € en 2025), vous recevrez une AAH différentielle qui complètera votre pension jusqu'à atteindre ce plafond. Le calcul est simple :

Montant de l'AAH = 1 033,32 € - Montant de votre pension de retraite

Par exemple, si votre pension de retraite s'élève à 700 € par mois, vous percevrez une AAH de 333,32 € (1 033,32 € - 700 €), ce qui vous garantira un revenu mensuel total de 1 033,32 €.

En revanche, si votre pension de retraite est supérieure ou égale au montant maximal de l'AAH, vous ne percevrez plus cette allocation.

Pour les personnes dont le niveau de dépendance est élevé et qui résident en EHPAD, il est important de noter que l'AAH peut être réduite en fonction du forfait hospitalier.

La réforme 2025 : possibilité de continuer à travailler après 62 ans sans perdre l'AAH

Une avancée majeure a été introduite par l'article 254 de la loi de finances pour 2024, qui permet désormais aux bénéficiaires de l'AAH ayant un taux d'incapacité d'au moins 80% de continuer à percevoir cette allocation s'ils décident de poursuivre leur activité professionnelle après l'âge légal d'ouverture des droits à la retraite.

Cette mesure, entrée en vigueur en 2025, offre une liberté de choix inédite entre travail et retraite. Auparavant, la suspension de l'AAH était automatique à l'âge légal de départ à la retraite pour les personnes maintenant une activité professionnelle.

Concrètement, cette réforme permet aux personnes concernées de :

  • Maintenir leur niveau de ressources actuel
  • Continuer à accumuler des droits supplémentaires à la retraite
  • Enrichir leur future pension

Cette disposition s'applique aux personnes nées à partir du 2 novembre 1962 dont le taux d'incapacité est d'au moins 80%.

Le calcul de l'AAH en complément de la pension de retraite

Comme évoqué précédemment, l'AAH peut compléter une pension de retraite insuffisante pour les personnes ayant un taux d'incapacité d'au moins 80%. Le montant de l'AAH est alors calculé en fonction des ressources du bénéficiaire, principalement sa pension de retraite.

Il est important de noter que d'autres revenus peuvent également être pris en compte dans ce calcul, comme les revenus fonciers ou les revenus de capitaux mobiliers. En revanche, certaines prestations ne sont pas considérées comme des ressources, notamment la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) ou l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA).

Depuis le 1er octobre 2023, grâce à la déconjugalisation de l'AAH, les revenus du conjoint ne sont plus pris en compte dans le calcul de l'allocation. Cette mesure a permis à de nombreux bénéficiaires de voir leur situation financière s'améliorer significativement.

Préparer la transition vers la retraite

La préparation de la transition vers la retraite est une étape cruciale qui mérite d'être anticipée pour éviter toute rupture de droits ou perte de revenus.

Anticiper les démarches administratives (6 mois avant l'âge légal)

Il est recommandé d'entamer les démarches liées à la retraite environ 6 mois avant l'âge légal de départ. Cette anticipation permet de traiter sereinement les différentes étapes administratives et d'éviter tout retard dans le versement de votre pension.

Si vous êtes bénéficiaire de l'AAH avec un taux d'incapacité d'au moins 80%, vous devrez informer la CAF ou la MSA de votre passage à la retraite. Ces organismes ajusteront alors le montant de votre AAH en fonction de votre pension.

Si votre taux d'incapacité est compris entre 50% et 79%, vous devrez faire valoir vos droits à la retraite, car l'AAH prendra fin. Dans ce cas, il peut être judicieux de vous renseigner également sur l'ASPA si vos droits à la retraite sont faibles.

Pour les personnes résidant en résidence autonomie ou bénéficiant de services d'aide à domicile, il est important d'informer ces structures de votre changement de situation.

Les documents nécessaires pour la demande de retraite

Pour constituer votre dossier de retraite, vous aurez besoin de plusieurs documents :

  • Une pièce d'identité en cours de validité
  • Votre relevé de carrière (disponible sur le site de l'Assurance Retraite)
  • Vos derniers avis d'imposition
  • Un relevé d'identité bancaire
  • Votre notification d'attribution de l'AAH
  • Éventuellement, des justificatifs de périodes particulières (éducation d'enfants, chômage, maladie, etc.)

Si vous avez travaillé dans différents régimes de retraite (régime général, fonction publique, indépendants, etc.), vous devrez contacter chacune des caisses concernées. Heureusement, depuis la mise en place de la demande de retraite unique, une seule démarche suffit généralement pour l'ensemble des régimes de base.

L'évaluation des droits à la retraite pour les bénéficiaires de l'AAH

Les périodes pendant lesquelles vous avez perçu l'AAH sans travailler ne génèrent pas de droits à la retraite. Cependant, si vous avez travaillé, même à temps partiel ou en milieu protégé (ESAT), ces périodes vous ont permis d'acquérir des trimestres pour votre retraite.

Par ailleurs, certaines périodes d'inactivité liées au handicap peuvent donner lieu à l'attribution de trimestres assimilés, notamment en cas d'arrêt maladie ou d'invalidité.

Pour les personnes en situation de handicap, il existe également des dispositifs de retraite anticipée qui permettent, sous certaines conditions, de partir à la retraite avant l'âge légal sans décote. Ces dispositifs concernent notamment les personnes justifiant d'un taux d'incapacité permanente d'au moins 50% ou ayant la qualité de travailleur handicapé.

Si vous envisagez un hébergement en établissement spécialisé à la retraite, il est important d'anticiper les aspects financiers, car le coût peut être significatif.

Les autres aides possibles à la retraite

Au-delà de l'AAH et de la pension de retraite, d'autres dispositifs peuvent vous aider à faire face aux dépenses liées à votre handicap ou à votre perte d'autonomie.

L'Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA)

L'ASPA est une allocation destinée aux personnes âgées disposant de faibles ressources. En 2025, son montant maximal est de 961,08 € par mois pour une personne seule et de 1 492,08 € pour un couple.

Si vous avez un taux d'incapacité compris entre 50% et 79%, l'ASPA peut prendre le relais de l'AAH à l'âge de la retraite. Toutefois, cette aide peut faire l'objet d'une récupération sur succession si l'actif net de votre succession dépasse 39 000 €.

La demande d'ASPA s'effectue auprès de votre caisse de retraite ou, si vous n'avez jamais cotisé, auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations.

Les aides au logement pour les seniors

Plusieurs aides peuvent vous aider à financer votre logement :

  • L'APL (Aide Personnalisée au Logement) ou l'ALS (Allocation de Logement Sociale) : ces aides, versées par la CAF ou la MSA, sont calculées en fonction de vos ressources, de votre situation familiale et de votre loyer
  • L'aide à l'adaptation du logement : proposée par l'Anah (Agence nationale de l'habitat), elle peut financer jusqu'à 50% des travaux d'adaptation de votre logement au handicap ou à la perte d'autonomie
  • L'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie) : si vous êtes en perte d'autonomie, cette aide peut financer une partie des dépenses nécessaires à votre maintien à domicile ou en établissement

Ces aides sont cumulables avec l'AAH et la pension de retraite, sous réserve de remplir les conditions d'attribution spécifiques à chacune d'entre elles.

Pour les personnes envisageant un déménagement en résidence senior, ces aides peuvent contribuer à financer une partie du loyer.

La Prestation de Compensation du Handicap (PCH)

La PCH est une aide personnalisée destinée à financer les besoins liés à la perte d'autonomie des personnes handicapées. Elle couvre différentes charges :

  • Les aides humaines (auxiliaire de vie, aidant familial)
  • Les aides techniques (fauteuil roulant, prothèse...)
  • L'aménagement du logement ou du véhicule
  • Les frais spécifiques ou exceptionnels
  • Les aides animalières

Contrairement à l'AAH, la PCH n'est pas soumise à condition de ressources, mais le handicap doit avoir été reconnu avant l'âge de 60 ans. Après cet âge, vous pouvez continuer à bénéficier de la PCH si vous remplissiez déjà les conditions d'attribution avant vos 60 ans.

Si le handicap est survenu après 60 ans, c'est l'APA qui prendra le relais pour financer les aides liées à la perte d'autonomie.

Les avantages fiscaux liés au handicap

Les personnes en situation de handicap bénéficient de plusieurs avantages fiscaux qui peuvent alléger leur charge financière :

  • Une demi-part fiscale supplémentaire si vous êtes titulaire d'une carte d'invalidité ou d'une carte mobilité inclusion avec la mention "invalidité"
  • L'exonération de la taxe d'habitation sur votre résidence principale, sous conditions de ressources
  • L'abattement sur la taxe foncière de 100 € si vous êtes bénéficiaire de l'AAH
  • Le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile, qui peut atteindre 50% des dépenses engagées dans la limite de 12 000 € par an (plafond majoré en fonction de la situation)
  • Le crédit d'impôt pour l'adaptation du logement au handicap ou à la perte d'autonomie

Ces avantages fiscaux sont maintenus à la retraite si vous continuez à remplir les conditions requises.

Conseils pratiques pour les aidants familiaux

En tant qu'aidant familial, vous jouez un rôle essentiel dans l'accompagnement de votre proche en situation de handicap. Voici quelques conseils pour faciliter cette transition vers la retraite.

Comment accompagner un proche dans cette transition

La transition vers la retraite peut être source d'anxiété pour votre proche. Pour l'accompagner au mieux :

  • Informez-vous en amont sur les règles applicables à sa situation spécifique
  • Planifiez les démarches dans un calendrier pour éviter tout retard
  • Rassemblez progressivement les documents nécessaires pour constituer les dossiers
  • Préparez votre proche aux changements que cette transition pourrait impliquer dans son quotidien
  • Envisagez ensemble l'avenir en tenant compte de ses souhaits et de ses besoins

L'anticipation est la clé d'une transition sereine vers la retraite.

Si votre proche présente des troubles cognitifs, vous pourriez avoir besoin de mettre en place une mesure de protection juridique pour l'aider dans la gestion de ses affaires.

Les questions à poser lors des rendez-vous avec les organismes

Lors de vos rendez-vous avec les différents organismes, n'hésitez pas à poser des questions précises :

  • "Quelles sont les démarches spécifiques à entreprendre compte tenu du handicap de mon proche ?"
  • "Comment s'articulera concrètement l'AAH avec la pension de retraite ?"
  • "Quels justificatifs faut-il fournir pour maintenir l'AAH après l'âge de la retraite ?"
  • "Existe-t-il des dispositifs de retraite anticipée adaptés à sa situation ?"
  • "Quelles autres aides pourrait-il solliciter pour compléter ses ressources ?"

Prenez des notes pendant ces entretiens et demandez des confirmations écrites des informations importantes.

Les erreurs à éviter dans les démarches

Certaines erreurs peuvent compliquer la transition vers la retraite ou entraîner une perte de droits :

  • Attendre le dernier moment pour entamer les démarches
  • Négliger de signaler les changements de situation à la CAF ou à la MSA
  • Oublier de renouveler certains droits comme la reconnaissance du handicap
  • Ne pas vérifier l'exactitude du relevé de carrière qui sert de base au calcul de la pension
  • Faire l'impasse sur certaines aides complémentaires qui pourraient améliorer la situation financière

Une vigilance particulière s'impose également concernant les délais de recours en cas de décision défavorable. Ces délais sont généralement courts (2 mois) et leur dépassement peut vous priver de la possibilité de contester une décision.

Si vous êtes confronté à des conflits familiaux concernant la prise en charge de votre proche, n'hésitez pas à solliciter une médiation familiale.

Conclusion

La transition de l'AAH vers la retraite représente une étape importante qui nécessite anticipation et préparation. Les règles diffèrent significativement selon le taux d'incapacité, et la réforme de 2025 offre de nouvelles possibilités aux personnes ayant un taux d'incapacité d'au moins 80%.

Pour aborder cette transition dans les meilleures conditions, n'hésitez pas à vous faire accompagner par les professionnels des différents organismes concernés (MDPH, CARSAT, CAF, MSA) ou par des associations spécialisées dans le handicap.

Enfin, gardez à l'esprit que d'autres aides peuvent compléter les ressources à la retraite, notamment la PCH, l'APA ou les aides au logement. Une vision globale de l'ensemble des dispositifs disponibles vous permettra d'optimiser la situation financière et de préserver au mieux l'autonomie de la personne en situation de handicap.

En vous informant et en anticipant les démarches, vous contribuerez à faire de cette transition un moment serein plutôt qu'une source d'inquiétude.

💡 Chez Zenior, nous comprenons les défis auxquels sont confrontés les aidants familiaux et les personnes en situation de handicap vieillissantes. Contactez nos experts dès aujourd'hui pour bénéficier d'un accompagnement personnalisé.

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