L'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) représente un pilier essentiel du système de protection sociale français pour les personnes en situation de handicap. Cette aide financière, versée par la CAF ou la MSA, permet à ses bénéficiaires de disposer d'un revenu minimum pour faire face aux dépenses quotidiennes et aux surcoûts liés au handicap.
Pour les personnes âgées confrontées à une perte d'autonomie, l'AAH peut constituer une ressource précieuse, notamment lorsque le handicap est survenu avant l'âge de 60 ans. Elle s'inscrit dans un ensemble plus large de dispositifs visant à favoriser l'inclusion et l'autonomie des personnes handicapées, quel que soit leur âge.
Créée par la loi d'orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin 1975, l'AAH a connu de nombreuses évolutions au fil des années. La plus récente et significative est sans doute la déconjugalisation, entrée en vigueur le 1er octobre 2023, qui a permis à de nombreux bénéficiaires de voir leur situation financière s'améliorer considérablement.
En 2025, ce sont plus de 1,2 million de personnes qui bénéficient de cette allocation, pour un budget annuel de près de 12 milliards d'euros. Ces chiffres témoignent de l'importance de ce dispositif dans le paysage des aides sociales en France.
Conditions d'éligibilité à l'AAH en 2025
Pour pouvoir bénéficier de l'AAH, plusieurs conditions cumulatives doivent être remplies. Ces critères concernent le handicap, l'âge, la résidence et les ressources.
Critères liés au handicap et taux d'incapacité
Le handicap constitue naturellement le critère principal d'éligibilité à l'AAH. Pour en bénéficier, vous devez présenter un taux d'incapacité permanente :
- Soit d'au moins 80%
- Soit compris entre 50% et 79%, à condition que votre handicap entraîne une restriction substantielle et durable d'accès à l'emploi
Ce taux d'incapacité est évalué par l'équipe pluridisciplinaire de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), selon un guide-barème réglementaire. La Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) prend ensuite la décision d'attribution sur la base de cette évaluation.
La notion de "restriction substantielle et durable d'accès à l'emploi" est particulièrement importante pour les personnes dont le taux d'incapacité est compris entre 50% et 79%. Elle signifie que votre handicap rend difficile l'accès ou le maintien dans un emploi, et ce de façon durable (au moins un an). Cette restriction est évaluée en tenant compte de votre situation personnelle et des conséquences de votre handicap sur votre capacité à travailler.
Pour les personnes âgées, cette évaluation prend en compte l'impact du vieillissement sur les limitations d'activité déjà existantes, ce qui peut parfois conduire à une réévaluation du taux d'incapacité.
Conditions d'âge et de résidence
Pour bénéficier de l'AAH, vous devez être âgé d'au moins 20 ans. Cette limite peut être abaissée à 16 ans si vous n'êtes plus considéré comme étant à charge de vos parents pour les prestations familiales.
L'AAH peut être versée jusqu'à l'âge légal de départ à la retraite (actuellement 64 ans pour les personnes nées à partir de 1968) si votre taux d'incapacité est compris entre 50% et 79%. En revanche, si votre taux d'incapacité est d'au moins 80%, vous pouvez continuer à percevoir l'AAH au-delà de cet âge, en complément de votre pension de retraite si celle-ci est inférieure au montant de l'AAH.
Concernant la résidence, vous devez résider de façon permanente en France métropolitaine ou dans les départements et collectivités d'outre-mer. Si vous êtes étranger (hors ressortissants de l'Union européenne, de l'Espace économique européen ou de la Suisse), vous devez disposer d'un titre de séjour en cours de validité autorisant à travailler en France.
Pour les personnes âgées qui envisagent de séjourner à l'étranger, il est important de noter que l'AAH continue d'être versée pendant les trois premiers mois de séjour hors de France. Au-delà, le versement est suspendu.
Plafonds de ressources
L'AAH est une allocation soumise à condition de ressources. Les revenus pris en compte sont ceux de l'année N-2 (soit 2023 pour une demande effectuée en 2025).
En 2025, les plafonds annuels de ressources à ne pas dépasser sont les suivants :
- Pour une personne seule : 12 400 €
- Pour un couple : 22 444 €
- Ces plafonds sont majorés de 6 200 € par enfant à charge
Certains revenus ne sont pas pris en compte dans le calcul des ressources, notamment :
- La prestation de compensation du handicap (PCH)
- L'allocation personnalisée d'autonomie (APA)
- Les rentes viagères constituées en faveur d'une personne handicapée
- Les primes d'activité
- Certaines prestations familiales
Pour les personnes qui travaillent, un abattement est appliqué sur les revenus d'activité professionnelle, ce qui permet de cumuler partiellement l'AAH avec un salaire.
Impact de la déconjugalisation
La déconjugalisation de l'AAH, entrée en vigueur le 1er octobre 2023, constitue une avancée majeure pour de nombreux bénéficiaires. Avant cette réforme, les ressources du conjoint, partenaire de PACS ou concubin étaient prises en compte dans le calcul de l'AAH, ce qui pouvait conduire à une réduction, voire à une suppression de l'allocation.
Désormais, seules les ressources du bénéficiaire sont considérées, indépendamment de celles de son conjoint. Cette mesure reconnaît l'autonomie financière des personnes en situation de handicap et évite les situations de dépendance économique au sein du couple.
Pour les personnes âgées en couple, cette réforme peut avoir un impact significatif, notamment lorsque l'un des conjoints perçoit une pension de retraite confortable tandis que l'autre, en situation de handicap, dispose de ressources limitées.
Il est important de noter que la CAF ou la MSA applique automatiquement le mode de calcul le plus avantageux pour le bénéficiaire. Ainsi, dans certains cas particuliers où l'ancien mode de calcul (avec prise en compte des ressources du couple) serait plus favorable, celui-ci peut être maintenu.
Montant et calcul de l'AAH en 2025
Le montant de l'AAH est régulièrement revalorisé pour tenir compte de l'inflation. Comprendre comment ce montant est calculé est essentiel pour anticiper vos droits et optimiser votre situation financière.
Montant à taux plein (1 033,32€)
En 2025, le montant maximal de l'AAH s'élève à 1 033,32 € par mois pour une personne sans ressources. Cette somme représente environ 90% du SMIC net et se situe légèrement au-dessus du seuil de pauvreté en France.
Ce montant est versé mensuellement, généralement le 5 de chaque mois, par la CAF ou la MSA, selon l'organisme dont vous dépendez.
Pour les personnes âgées, ce revenu garanti peut constituer une base essentielle pour faire face aux dépenses quotidiennes et aux coûts liés au handicap, particulièrement lorsque la perte d'autonomie s'accentue avec l'âge.
Calcul selon les ressources personnelles
Le montant effectivement versé dépend de vos ressources personnelles. Si vous percevez d'autres revenus (pension d'invalidité, rente d'accident du travail, revenus fonciers, etc.), le montant de l'AAH sera réduit en conséquence.
La formule de calcul est la suivante : AAH versée = Montant maximal de l'AAH - Ressources prises en compte
Par exemple, si vous percevez une pension d'invalidité de 500 € par mois, le montant de votre AAH sera de 533,32 € (1 033,32 € - 500 €).
Pour les personnes âgées de plus de 62 ans ayant un taux d'incapacité d'au moins 80%, le même principe s'applique avec la pension de retraite. Si celle-ci est inférieure au montant maximal de l'AAH, un complément d'AAH sera versé pour atteindre ce plafond.
Cumul avec d'autres revenus (travail, pensions)
L'AAH peut être cumulée avec d'autres revenus, notamment ceux issus d'une activité professionnelle. Pour encourager le retour à l'emploi, des règles spécifiques s'appliquent :
- Durant les 6 premiers mois d'activité, un cumul intégral de l'AAH avec les revenus d'activité est possible
- Au-delà, un abattement de 80% est appliqué sur la partie des revenus d'activité inférieure à 30% du SMIC, puis de 40% sur la partie supérieure
Pour les bénéficiaires qui travaillent en Établissement et Service d'Aide par le Travail (ESAT), un régime spécifique existe, permettant de cumuler plus favorablement l'AAH avec la rémunération garantie.
Concernant les pensions (invalidité, retraite, rente d'accident du travail), elles sont prises en compte intégralement dans le calcul de l'AAH, qui vient alors compléter ces ressources jusqu'au montant maximal de 1 033,32 €.
Pour les personnes âgées, il est particulièrement important de comprendre ces mécanismes de cumul, notamment lors du passage à la retraite, qui peut modifier significativement la structure des ressources.
Compléments possibles (MVA)
En plus du montant de base de l'AAH, certains bénéficiaires peuvent percevoir des compléments, notamment la Majoration pour la Vie Autonome (MVA).
La MVA, d'un montant de 104,77 € par mois en 2025, est attribuée automatiquement aux personnes qui remplissent les conditions suivantes :
- Avoir un taux d'incapacité d'au moins 80%
- Percevoir l'AAH à taux plein ou en complément d'une pension ou d'une rente
- Disposer d'un logement indépendant pour lequel une aide au logement est perçue
- Ne pas percevoir de revenus d'activité professionnelle
Cette majoration vise à compenser les charges liées à l'autonomie des personnes handicapées vivant dans un logement indépendant.
Il existait également un Complément de Ressources, mais celui-ci a été supprimé le 1er décembre 2019. Toutefois, les bénéficiaires qui le percevaient avant cette date peuvent continuer à en bénéficier pendant une période maximale de 10 ans, tant qu'ils remplissent les conditions d'attribution.
Pour les personnes âgées en perte d'autonomie, ces compléments peuvent constituer une aide précieuse pour maintenir une vie à domicile dans de bonnes conditions.
Synthèse des démarches pour obtenir l'AAH
Obtenir l'AAH nécessite de suivre un parcours administratif bien défini. Une bonne connaissance de ces démarches permet d'éviter les retards et les complications.
Constitution du dossier MDPH
La première étape consiste à constituer un dossier auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) de votre département de résidence. Ce dossier comprend :
- Le formulaire de demande MDPH (Cerfa n°15692*01), disponible sur le site de votre MDPH ou sur service-public.fr
- Un certificat médical récent (moins de 6 mois) complété par votre médecin (Cerfa n°15695*01)
- Une photocopie de votre pièce d'identité
- Un justificatif de domicile
- Si vous êtes étranger, une copie de votre titre de séjour
- Éventuellement, des documents complémentaires relatifs à votre situation (bilans médicaux, compte-rendu d'hospitalisation, etc.)
Pour les personnes âgées, il est particulièrement important que le certificat médical détaille précisément les limitations d'activité et les restrictions de participation à la vie sociale engendrées par le handicap, en tenant compte des effets du vieillissement.
Le dossier peut être déposé directement à la MDPH, envoyé par courrier ou, dans certains départements, complété en ligne via le téléservice dédié.
Circuit d'instruction et d'attribution
Une fois votre dossier déposé, il suit un parcours d'instruction bien défini :
- Réception et enregistrement : La MDPH vérifie que votre dossier est complet et vous délivre un accusé de réception
- Évaluation : Une équipe pluridisciplinaire évalue votre situation en fonction des éléments fournis et peut, si nécessaire, vous proposer une rencontre
- Élaboration d'un plan personnalisé de compensation (PPC) qui vous est soumis pour avis
- Passage en CDAPH : La Commission des Droits et de l'Autonomie des Personnes Handicapées examine votre dossier et prend une décision
- Notification : La décision vous est notifiée par courrier, ainsi qu'à la CAF ou la MSA qui sera chargée du versement
- Mise en paiement : Si la décision est favorable, la CAF ou la MSA vérifie les conditions administratives et procède au versement
Ce processus prend généralement entre 4 et 6 mois, mais des disparités importantes existent selon les départements. En cas d'urgence, une procédure accélérée peut parfois être mise en place.
Pour les personnes âgées qui connaissent une aggravation de leur état de santé, il est possible de demander une révision de leur dossier sans attendre l'échéance de leurs droits.
Durée des droits selon le taux d'incapacité
La durée d'attribution de l'AAH varie selon votre taux d'incapacité :
- Si votre taux d'incapacité est d'au moins 80% :
- L'AAH peut être attribuée pour une durée de 1 à 10 ans
- Si votre handicap n'est pas susceptible d'évoluer favorablement, l'AAH peut être accordée sans limitation de durée
- Si votre taux d'incapacité est compris entre 50% et 79% :
- L'AAH est généralement attribuée pour une durée de 1 à 2 ans
- Cette durée peut être portée à 5 ans si votre handicap n'est pas susceptible d'évoluer favorablement
Pour les personnes âgées, l'attribution sans limitation de durée représente une simplification administrative considérable, évitant des démarches de renouvellement parfois complexes.
Renouvellement et révision des droits
Lorsque la période d'attribution arrive à son terme, vous devez effectuer une demande de renouvellement. Il est recommandé d'entamer cette démarche environ 6 mois avant l'échéance de vos droits pour éviter toute interruption de versement.
La procédure de renouvellement est similaire à celle de la demande initiale : vous devez constituer un dossier auprès de la MDPH avec les mêmes pièces justificatives.
En cas d'évolution de votre situation (amélioration ou aggravation de votre état de santé, changement de situation professionnelle ou familiale), vous pouvez demander une révision de vos droits avant l'échéance prévue.
Pour les personnes âgées dont l'état de santé se dégrade avec le temps, cette possibilité de révision est particulièrement importante, car elle permet d'adapter les aides à l'évolution des besoins.
Synthèse des droits connexes et avantages liés à l'AAH
Au-delà de l'aide financière directe, l'AAH ouvre droit à de nombreux avantages connexes qui peuvent significativement améliorer le quotidien des bénéficiaires, notamment des personnes âgées en perte d'autonomie.
Exonérations fiscales
Les bénéficiaires de l'AAH profitent de plusieurs avantages fiscaux :
- L'AAH n'est pas imposable : elle n'a pas à être déclarée aux impôts
- Exonération de la taxe d'habitation sur la résidence principale (sous conditions de ressources)
- Exonération de la redevance audiovisuelle
- Abattement sur la taxe foncière pour les propriétaires (sous conditions)
- Demi-part fiscale supplémentaire si vous êtes titulaire de la carte mobilité inclusion avec la mention "invalidité"
Ces avantages fiscaux peuvent représenter une économie substantielle, particulièrement précieuse pour les personnes âgées disposant de ressources limitées.
Réductions tarifaires
De nombreuses réductions tarifaires sont accessibles aux bénéficiaires de l'AAH :
- Tarifs sociaux pour l'électricité et le gaz (chèque énergie)
- Réduction sur les abonnements téléphoniques (tarif social)
- Tarifs préférentiels dans les transports en commun (selon les collectivités)
- Réductions dans certains établissements culturels (musées, théâtres, cinémas)
- Tarifs préférentiels pour certaines activités sportives ou de loisirs
Ces réductions contribuent à maintenir l'accès aux services essentiels et à favoriser la participation sociale des personnes en situation de handicap, y compris les personnes âgées.
Priorités d'accès à certains services
Le statut de bénéficiaire de l'AAH peut également ouvrir droit à des priorités d'accès :
- Priorité dans les files d'attente des services publics et commerces (si vous êtes titulaire de la carte mobilité inclusion avec la mention "priorité")
- Accès prioritaire à certains logements sociaux
- Priorité d'accès à certains services d'aide à domicile
- Accès facilité à certains établissements médico-sociaux
Ces priorités peuvent considérablement faciliter le quotidien des personnes âgées en situation de handicap, en réduisant les délais d'attente et en simplifiant l'accès aux services essentiels.
Aides complémentaires mobilisables
En complément de l'AAH, d'autres aides peuvent être mobilisées pour répondre aux besoins spécifiques liés au handicap et à la perte d'autonomie :
- La Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : cette aide personnalisée permet de financer les surcoûts liés au handicap (aides humaines, techniques, aménagement du logement, etc.)
- L'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) : destinée aux personnes âgées en perte d'autonomie, elle peut financer des aides à domicile ou en établissement
- Les aides au logement (APL, ALS) : elles peuvent compléter les ressources pour faire face aux dépenses de logement
- Les aides des caisses de retraite : certaines caisses proposent des aides spécifiques pour l'adaptation du logement ou le maintien à domicile
- Les aides des collectivités locales : communes, départements et régions peuvent proposer des dispositifs complémentaires
Pour les personnes âgées en situation de handicap, la combinaison de ces différentes aides permet souvent de construire un accompagnement global, adapté à leurs besoins spécifiques.
Conclusion
L'Allocation aux Adultes Handicapés constitue un soutien financier essentiel pour les personnes en situation de handicap, y compris les personnes âgées confrontées à une perte d'autonomie. Avec un montant maximal de 1 033,32 € en 2025 et la possibilité de cumul avec d'autres ressources, elle contribue à garantir un niveau de vie minimal et à préserver l'autonomie de ses bénéficiaires.
Les récentes évolutions, notamment la déconjugalisation et la possibilité d'attribution sans limitation de durée, ont significativement amélioré ce dispositif, en le rendant plus équitable et moins contraignant sur le plan administratif.
Pour les personnes âgées en situation de handicap, l'AAH s'inscrit dans un ensemble plus large d'aides et de services visant à compenser les conséquences du handicap et à favoriser le maintien à domicile ou l'accueil dans des structures adaptées. La combinaison de ces différents dispositifs permet d'apporter une réponse globale aux besoins spécifiques liés au vieillissement avec un handicap.